OPINION | 24.11.2024
“J’ai vu donc j’ai consommé, une nouvelle ère de consommation?”
Un article écrit par Alix Petit pour repenser la consommation.
Dans ces articles, je partage de manière spontanée et passionnée des réflexions sur des sujets qui me tiennent à cœur et nourrissent mon évolution. Sans porter de jugement, j’essaie toujours de prendre du recul, d’élargir les perspectives, et de semer de petites graines tout au long de mon cheminement personnel.
Au fil des années, diriger Heimstone, consiste, entre-autre à vendre des produits à une audience diversifiée, me poussant, au fil des années à tenter de comprendre les différentes envies et comportements d’achats de la part des “consomateurs”.Guidée également par ma fascination et mon attrait à comprendre la dynamique des entreprises et des enjeux de nos business : comment surmontent-elles les défis, comment s’adaptent -elles aux tendances d’un marché qui évolue avec les flux et reflux du comportement des consommateurs.Ces 12 à 15 derniers mois, alors que le monde du retail a traversé des turbulences sans précédent, et qu’Heimstone n’en a evidemment nullement été épargné, se confrontant à de nombreux challenges, de nombreuses portes lourdement fermées en pleine poire, je me suis plongée assez naturellement dans une réflexion profonde presque obsessionelle, de remise en question de ce, que signifie aujourd’hui mais surtout demain, consommer.
Voir est devenu le nouveau posséder :
consommer, c’est désormais savourer l’éphémère.
Portée par une décennie folle de scrolls infinis sur les réseaux sociaux, une crise écologique, politique et économique — et le tout emplifié par tout le travail tactique et stratégique que nous menons au sein de The Refreshment Club, spécialisé sur l’IA et les stratégies visionnaires — j’ai été frappée de voir à quel point notre relation avec les objets a changé. Autrefois, consommer signifiait posséder. C’était physique, tangible, et sensoriel.
Aujourd’hui ? Consommer est devenu plus léger, plus rapide, moins ancré—c’est tout autre chose.
Nous scrollons, nous likons, nous enregistrons. Nous « consommons » non plus avec nos mains, mais avec nos yeux. Les réseaux sociaux ont transformé l’acte de consommer en quelque chose d’éphémère et de fugace. Un post par-ci, une vidéo par-là. Cette table de dîner parfaite avec des assiettes en céramique que vous ne tiendrez jamais entre vos mains, ou cette robe fluide portée par une inconnue à l’autre bout du monde, que vous n’enfilerez jamais mais admirerez sans fin en 15 secondes de reel, quel impact cela a-t-il sur notre consomation?
Achète-on moins mais consomme-t-on plus ?
Cela m’a ammené a me demander : voir est-il devenu le nouveau posséder ? Pendant des années, on nous a répété que le matérialisme était dépassé et que les expériences prenaient le relais. Mais, et si faire défiler le fil d’actualité de quelqu’un d’autre était devenu l’expérience ? Cet interminable flot d’images et d’idées nous remplit de manière autrefois réservée aux véritables achats.
Nous sommes passés de “je consomme, donc je suis” à quelque chose comme “j’ai vu, donc j’ai consommé”. Ce changement a été accéléré, bien sûr, par les défis des dernières années. La pandémie nous a enfermés dans des espaces numériques, rendant le scroll naturel. Les problèmes de chaîne d’approvisionnement nous ont appris la patience — ou du moins, la frustration. Et aujourd’hui, la montée en puissance de la durabilité nous pousse à repenser la notion même de possession. Avons-nous besoin d’acheter un objet pour en profiter ? Ou pouvons-nous simplement l’admirer de loin, comme une espèce rare que l’on espère voir rester dans son habitat naturel ?
Mais il y a un hic. Consommer sans posséder nous laisse affamés d’une autre manière. Tout ce scrolling comble-t-il le vide ou l’approfondit-il ? Cela nous apporte-t-il de la joie — ou simplement le désir d’en vouloir encore plus ?
“Nous sommes passés de “je consomme, donc je suis” à quelque chose comme “j’ai vu, donc j’ai consommé”
Chez Heimstone, nous réfléchissons beaucoup à ces changements, et comme je l’ai évoqué lors de ma conversation sur le podcast THE BOLD WAY, je suis persuadée que nous arrivons à la fin d’une ère et qu’un nouveau monde se profile à l’horizon. Un peu comme Pluton, qui après presque 20 ans à tourner en rond dans son cycle, a décidé de bouger et de tout chambouler.
Ce n’est pas juste un changement cosmique, c’est carrément un rappel à l’ordre : il est temps de sortir de nos vieilles habitudes, de se réinventer, et peut-être même d’apprendre à danser sur une nouvelle planète (ou au moins sur un nouveau rythme). Alors si le sujet vous intéresse, je vous laisse méditer sur ces quelques questions avec moi: comment nous pouvons réinventer notre modèle? Comment créer quelque chose de vraiment significatif dans un monde où le sens lui-même est consommé en un instant ? Que devient la mode, l’art ou le design lorsqu’ils sont davantage vus que portés, accrochés ou utilisés ?
Merci pour votre fidélité, merci de me lire.